Dans la vie on risque de tomber dans le piège des idées reçues. Selon la définition ce terme désigne "une opinion située entre le stéréotype, le cliché et le lieu commun". Nous sommes les victimes de ces “on dit” et de ces banalisations en tant qu’individus (par exemple on dit souvent de moi que je suis antipathique, hautain, que je ne dis pas bonjour aux gens, que je pense être supérieur) et en tant que communauté (de ces temps les valdôtains sont considérés des privilégiés). C’est un thème fort intéressant: Gustave Flaubert a écrit un "Dictionnaire des idées reçues" resté inachevé et non publié de son vivant, où l’on trouve des sentences hilarantes. Des exemples. Achille: ajouter "aux pieds légers"; cela donne à croire qu'on a lu Homère. Bouilli(le): c'est sain, inséparable du mot soupe: la soupe et le bouilli. Colonies (nos): s'attrister quand on en parle; Document: toujours de la plus haute importance; Erection: ne se dit qu'en parlant des monuments; Francs-Tireurs: plus terribles que l'ennemi; Gothique: style d'architecture portant plus à la religion que les autres; Harem: comparer toujours un coq au milieu de ses poules à un sultan dans son harem; Introduction: mot obscène; Jeu: s'indigner contre cette fatale passion; Lait: dissout les huîtres, attire les serpents, blanchit la peau; Ministre: dernier mot de la gloire humaine; Navigateur: toujours hardi; Odeur des pieds: signe de santé; Place: toujours en demander une; Quadrature du cercle: on ne sait pas ce que c'est, mais il faut lever les épaules quand on en parle; Robe: inspire le respect; Suffrage universel: dernier terme de la science politique; Toilettes (des dames): trouble d'imagination; Université: Alma mater; Vente: vendre et acheter, but de la vie.
Mais si ces définitions sont en partie dépassées et pleines d’une ironie cultivée et souvent aigre-douce, le site tatoufaux.com est bien différent et il tourne au ridicule les fausses convictions dont il faut se libérer. Je voudrais commencer par une que chez nous je ne dois pas expliquer: «Le jambon dénommé Aoste vient de l'Italie». En France, comme nous le savons tous, c’est un lieu commun. Autre erreur fréquente est de parler «des trous dans le gruyère», alors que naturellement on pense à l’Emmental. A effacer aussi de nos idées que «le tournesol suit la course du soleil», puisque il s’agit d’une histoire, ce qui vaut également, je l’ai entendu plein de fois, pour les «nerfs dans la viande» en parlant de ce qui rend dure une viande, alors que les nerfs sont tendres! «Je t'apporterai des oranges en prison»: nous l’avons tous dit à un ami, mais cela n’a pas de fondement, parce qu’il existe une interdiction explicite dans les règlements des pénitenciers. Autre phrase que j’ai souvent entendue «les chiens dépisteurs de drogues sont des toxicos» ou encore «les chiens voient en noir et blanc», c’est scientifiquement faux. Bref, il y en a pour tous les goûts et c’est la preuve du fait que même les informations que nous pensons être sûres et les certitudes les plus inébranlables doivent attentivement être analysées pour éviter de répéter des choses infondées ou des bêtises. En politique cette bonne règle est plus valable que jamais.